17 juillet 2001

A 10H00 du matin, il fait déjà très chaud et le soleil frappe déjà très fort. Nore balade matinale est donc le seul moyen de visiter la ville à pied sans souffrir de la chaleur. En plus, cela nous donne l’occasion d’observer la ronde des bonzes. En effet, s’il y a très peu de moines bouddhistes au Vietnam pour le moment -la religion n’est pas trop le truc des communistes au pouvoir- il y en a par contre énormément au Cambodge. Vêtus de leur grande robe orange, beaucoup poussent la coquetterie à assortir leurs tongs et leur parapluie en choisissant des couleurs du même ton. Et tous les matins, ils sillonnent la ville, seuls ou par groupes de 3 ou 4, et s’arrêtent devant les portes des commerçants et des particuliers pour leur demander l’aumône. Et ça marche. Au lieu de rester dans leurs temples, ils vont chercher leurs fidèles sur place. En échange d’un petit billet, le donnateur a droit à une petite prière qui l’aidera peut-être à être réincarné dans une vie meilleure… Sont forts ces religieux… Au fait, le parapluie sert aussi et surtout d’ombrelle.

En arrivant vers le palais royal, sur les trottoirs de l’assemblée nationale, on aperçoit plein de gamins qui ont quitté leur classe mais pas leur uniforme pour venir s’entasser là. Il y en a des dizaines et des dizaines, ils ont de petits panneaux avec le portrait du roi et d’un autre type qu’on ne connaît pas. Ils attendent là, et leur roi leur sert à se faire de l’ombre. En face, un groupe de personnes assises dans l’herbe avec des affiches en khmer semblent manifester, bien entourées par des policiers en uniformes. En arrivant devant le palais royal, on rencontre des centaines de gamins, mais aussi une fanfare de jeunes filles. Tous attendent le roi nous explique un moto-taxi francophone, qui doit sortir -à 98 ans est-ce raisonnable- pour aller chercher à l’aéroport le président de Corée en visite officielle. Au bout d’une vingtaine de minutes, tout le monde s’affole, les tambours résonnent. Entouré d’un vingtaine de motards, le roi Sihanouk passe dans sa grosse voiture noire saluant les enfants simultanément des deux côtés de la rue. Avancé sur son siège, les bras levés et remuant les mains, il a l’air d’essayer de s’envoler!

Sur la route, on passe devant d’énormes maisons, de tout nouveaux bâtiments un peu kitsches qui ressemblent à de gros gâteaux d’anniversaire pleins de fioritures. Equipées d’énormes antennes, elles ont l’air très spacieuses et luxueuses et leurs habitants doivent être les mêmes personnes qui possèdent les gros 4X4, les Mercedes et les téléphones portables et qui achètent des vélos taille enfant pour leurs gamins.

Les enfants plus modestes doivent faire preuve de plus d’agilité pour utiliser les vélos des grands. Touchant à peine les pédales et ne pouvant pas s’asseoir sur la selle, on en aura croisé tout au long de notre voyage en Asie.

Téléphones, voitures, maisons, tous ces signes extérieurs de richesses contrastent tant avec d’autres côtés tellement plus rudimentaires de la ville. Les rues non goudronnées, la terre rouge poussiéreuse et les cailloux, les maisons et les cabanes en bois et en tôles, les gamins dévêtus dans les rues qui font la manche ou les poubelles. On se croirait de temps en temps en Inde. Des murs entiers servent de WC publics et les odeurs de pisse, de poubelles et d’égoûts se mélangent aux odeurs de bouffe… Cela nous surprend après la Thaïlande, le Laos et le Vietnam qui étaient très propres.

L’après-midi, on visite Tuol Sleng, une ancienne école, aujourd’hui musée, plantée au milieu des maisons de banlieue et qui servit de prison pendant le régime Khmer Rouge. Lorsqu’en 1975, les américains quittent la région, les Khmers Rouges sortent de la jungle et prennent le contrôle du pays. Ils pensent que la religion va à l’encontre du bonheur des gens et détruisent temples et mosquées. Il pensent que l’éducation va à l’encontre du bonheur des gens, les écoles sont rasées, les instituteurs et professeurs sont tués. Ils pensent que la ville va à l’encontre du bonheur des gens et les villes sont vidées, les usines, les hôpitaux et les infirmeries sont détruits. Et dans cette prison appelé S-21, les gens sont minutieusement torturés. Un registre précis est tenu et chaque prisonnier est photographié avant et quelques fois après la torture. Nez, oreilles, ongles arrachés. Crânes d’enfants fracassés contre les arbres… En 4 ans, sans doute 2 ou 3 millions de cambodgiens massacrés. Sur une population d’à peine 10 millions… Les Khmers Rouges et leur chef Pol Pot s’attaquent aussi au Vietnamiens, animés d’une véritable haine raciste, L’armée vietnamienne mettra fin au régime Khmer Rouge et au génocide en envahissant le pays en 1979. Mais les Khmers Rouges resteront actifs et meurtriers jusqu’en 1996 où ils mettent fin à leur guérilla et rejoignent le gouvernement. En 2001, beaucoup attendent encore que la justice soit rendue, même si Pol Pot, mort le 15 avril 1998, lui aura définitivement échappé…

 

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