2 octobre 2001

Lever 5H30. Ce matin, on voit les geysers. De la fumée, un bruit terrible, un vent glacial, on y est. On se croirait à côté d’une cocotte-minute dont le bruit serait amplifié 100 fois. On doit crier pour s’entendre! Bouillonnement, odeur de soufre, multiples cratères fumants et bouillonnants, trous fumants partout dans le sol, ça fiche la trouille! Puis on dévale un désert de pierres à fond vers la laguna Salada. Sur notre droite, une magnifique montagne dont les tons s’étendent de l’ocre foncé-brun au très clair-crème en passant par toutes les couleurs intermédiaires.

En juillet, il y a 20 cm de neige à la laguna Salada. En ce moment, on peut se baigner! C’est qu’il y a une source d’eau chaude à environ 30 degrés. Les baigneurs côtoient donc la glace qui est assez épaisse 5 mètres plus loin. C’est un endroit très reposant. Cinq minutes plus loin, on atterrit à Las Rocas de Salvadore Dali. C’est vrai qu’on se croirait dans un de ses tableaux. C’est très dénudé. Un désert plat remontant en pente douce, fait de gravillons ou sablñe très grossier dans des tons oranges à bruns et au milieu duquel s’élèvent des rochers aux formes bizarroïdes semés ça et là. Autour, des montagnes aux couleurs superbes, notemment celle-ci dans les tons pastels. On dirait un sablier géant avec plein de coulées de sable de différentes couleurs se déversant et s’étalant à nos pieds en une énorme mare orangée.

A nouveau des montagnes qui se désagrègent, se transformant en gigantesque tas de cailloux. Un peu partout d’énormes roches qui semblent s’être détachées de la montagne et avoir roulé sur son flanc régulier jusqu’à nous. D’un désert de roches, on passe brutalement à un désert de sable brun puis jaune puis gris! Toutes les transitions sont brutales. Et on arrive à la Laguna Blanca, blanche comme son nom l’indique. Derrière, on peut voir (si on sait où regarder) l’Argentine, le Chili et… la Bolivie se toucher. Comme quoi les trois frontières, ce n’est pas qu’à Thionville. Une simple bande de sable sépare la Laguna Blanca de la Laguna Verde, verte bien entendu et, chose quasi unique par ici, sans flamants. Elle est trop profonde pour eux. Derrière s’élève le volcan Licancabur au cratère dentelé de neige. On laisse les suisses qui continuent vers le Chili.

On repasse près de la Laguna Colorada qui donne alors la pleine mesure de ses tons rouges. Surprenante étendue d’eau rouge. Recouverte de flamants. On pique-nique à côté pour mieux en profiter. Puis la piste devient très très rude et ça ne fait pas de bien du tout à la tourista. En plus il n’y a pas d’arbres, juste des buissons de 50 cm de haut… Quelques ruisseaux plus loin, on arrive à la Valle de las Rocas. Là, se dressent d’immenses rochers aux formes incroyables. Là deux têtes qui se parlent, ici un monstre au groin de cochon. Et on dort à Alota, village dont l’atmosphère poussiéreuse et les ombres allongées par le soleil couchant font qu’on s’attend à ce qu’à tout instant éclate un duel de cow-boys. Geneviève a peur d’avoir froid alors elle se fait un nid avec 5 ou 6 couvertures en plus de ses pulls et de son écharpe. Bref on ne la voit plus!

3 octobre 2001

On croise des troupeaux de lamas, de moutons et quelques chèvres avec leurs bergères aux innombrables jupons et au crâne surmonté d’un chapeau. De temps en temps dans cette immensité déserte, une ou deux maisons en briques et toit de paille sont perdues. Des bergers habitent là. On passe par san Cristobal, village entièrement neuf sauf l’église dont les cloches sont attachées avec des lanières en peau de lama. En fait, se village se construit pour l’exploitation de nouvelles mines d’or et d’argent appartenant aux USA! On papote un peu avec les écoliers et leur maître. Ça interrompt leur cours mais tant pis. L’instit est en train de faire un cours d’anglais et enseigne à ses élèves les 3 mots qu’il semble connaître…

A midi on déjeune à Vila-Vila où les gamins s’éclatent avec les ballons de baudruches offerts par Geneviève et Joël. Quand ça explose, les petits ouvrent de grands yeux. Comme dit Geneviève, c’est éphémère, c’est bien comme ça. Geneviève, la même qui vient de réparer définitivement -pour ce voyage du moins- ses lunettes avec du scotch et le baton de sa sucette… très design…

Puis, on se rapproche du salaar et on se retrouve à nouveau la tête dans les mirages. D’incroyables mirages qui font disparaître de grosses montagnes les transformant en lacs!

Et enfin, dernier spectacle, le cimetière des trains. Plein de vieilles locos et de wagons attendent là depuis 1950. Ils appartenaient à une entreprise privée qui transportait des minéraux au Chili. Aujourd´hui c’est fini, il ne reste que deux trains par semaine pour le Chili, résérvés aux passagers. Tous ces vieux trains dans le désert, c’est très chouette à voir. Comme on n’a pas été assez secoué, on prend le bus de nuit pour La Paz. Départ 20H00. Les joints des portes sont mauvais et on baigne dans un épais brouillard de poussière! Bonne nuit…

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