31 octobre 2001

Hier soir ou cette nuit, alors que tout le monde dormait, il s’est passé un truc… notre bateau a quitté le rio Madera pour rejoindre l’Amazone. Du coup, on a aussi plus de mal a avancer puisqu’on remonte maintenant le courant. Objectivement, pas de changement majeur, si ce n’est la taille du fleuve, gigantesque. Sans doute 5 ou 10 km, difficile d’évaluer. Mais il paraît que dans ce coin, le fleuve peut atteindre 15 km de large, sans doute pendant la saison des pluies en juin-juillet. En septembre et janvier, c’est la saison sèche. Alors pourquoi fait-il super moche? Le ciel est gris, de plus en plus gris avec même une facheuse tendance au noir. Et quelques gouttes commencent à tomber.

On remonte l’Amazone donc, et puis le temps se dégrade carrémment. Ca ne nous empêche pas de prendre “une” dernière bière avec Roy et Géraldo. Il pleut maintenant des trombes, on est installé sur le pont tout au dessus et l’eau envahit le sol. Pour se réchauffer, on commande une tournée de cheeseburger. Et puis ça change du riz et des haricots rouges! C’est sous l’orage qu’on découvre la rencontre des eaux. C’est à partir d’ici, à quelques km de Manaus que l’Amazone prend son nom avec la rencontre du Silimoës, jaune et limoneux, et du Rio Negro, noir à cause des éléments acides qu’il transporte. La différence de rapidité, de densité et de température les empêchent de se mélanger sur quelques km. Sympa à voir même sous la pluie.

Enfin, on arrive à Manaus vers 11H00. On est un peu triste, on a perdu Géraldo dans la cohue, on n’a même pas eu le temps de lui dire au revoir… On file à pied sous la pluie qui s’est à peine calmée et on s’installe dans un petit hôtel sympa. Un petit tour de ville avec Roy qui cherche une banque, un billet de bus et un hôpital -pour enlever les points de suture qu’à provoquée sa chute de vélo sur la route de Coroico. Pendant ce temps, Marion se repose, sa fièvre ne s’arrange pas vraiment malgré les antibiotiques trouvés à la pharmacie.

On voit ensuite un guide qui nous parle des excursions en forêt. Il ne nous reste que 2 jours, c’est court. En plus il pleut des trombes, en plus Marion est malade, en plus ce qu’il nous décrit ressemble comme deux gouttes d’eau à ce que nous avons fait à Rurrenabaque et en plus c’est très cher. Si bien qu’on finit par abandonner l’idée, on retournera en Amazonie un jour, plus longtemps… Mais ce n’est pas grave, on a déjà eu un chouette aperçu de la région.

01 novembre 2001

On ne regrette pas notre décision concernant la balade dans la jungle. Même si ça commence à s’arranger, le temps est toujours très gris, il a encore plu ce matin. Marion est toujours aussi malade. Sa gorge la afit toujours autant souffrir et sa fièvre, même si elle n’est pas très très forte, la fait transpirer à grosses gouttes. Elle doit changer de T-shirt toutes les demi heures! L’Amazonie a beau être un de ses grands rêves, elle ne profite pas de ces dernières journées dans la région. Elle passe son temps à dormir et… à transpirer dans le lit qui commence à sentir de plus en plus fort. Comme si l’humidité de la ville ne suffisait pas! A ce propos, le guide hier nous avait dit que la pluie en cette saison était exceptionnelle, ça semble se confirmer puisque les journaux du coin titrent la dessus. Ici, en Amazonie, il y a deux saisons, l’hiver pluvieux et l’été plus sec. On est tout près de la ligne de l’équateur, ça explique…

Le soir, au coin de la rue, chouette, on tombe sur Géraldo. On peut lui expliquer avec nos trois mots de portugais qu’on est tout contents de le revoir pour pouvoir lui dire au revoir!

2 novembre 2001

On se réveille super tôt mais on se couche tôt en ce moment. marion va un peu mieux et on décide d’aller faire un tour en ville. Petit déj composé de fruits et de tartines et c’est parti. On descend au centre ville qui a changé de visage. Hier le quartier était animé, les rues piétonnes étaient noires de monde. Manaus est une zone franche, un endroit où les produits sont détaxés. C’est une façon d’aider cette ville qui a eu un passé glorieux et une chute d’autant plus dure. ce fut la capitale de l’exploitation de l’hévéa brasiliensis, qui donne le latex. Ca se passait vers 1840. A cette époque, Monsieur Charles Goodyear découvre le procédé de vulcanisation du caoutchouc qui, comme tout le monde le sait, le rend flexible et inaltérable aux changements de températures. A la fin du siècle, apparaît l’industrie de l’automobile aux USA et en Europe, c’est le boom pour le latex dont l’arbre ne pousse qu’au Brésil. Les paysans du Nordeste, chassés par la misère, vont travailler dans ces exploitations dans la jungle. Beaucoup y laisseront leur vie victimes du paludisme, des épidémies et des conditions de travail très proches de l’esclavagisme. Certains estiment à 500000 le nombre de ces victimes. D’autres, beaucoup moins nombreux font fortune. Mais un anglais réussi à sortir des graines et la Grande Bretagne réussit à créer des plantations en Malaysie. En 1910, celles-ci ont atteint une production équivalente à celle de l’Amazonie… les cours chutent… c’est la décadence de Manaus.

Bref, depuis 1967, Manaus est une zone franche et les magasins vendent de tout, HiFi et électroménager en tête. Mais ce matin, personne. Peut-être est-il trop tôt, cela va ouvrir, il n’est pas encore 9H00, c’est pour ça… On se fait alpaguer par un gars qui veut nous vendre un tour dans la jungle. Ce n’est que le troisième ce matin! J’ai l’impression que le marché des touristes est lui aussi assez lucratif. Mais il va nous aprendre un truc en plus par rapport à ses collègues: aujourd’hui, on est le 2 novembre, et au Brésil, c’est férié! Ce n’est pas le 1er comme en France. Et tous les magasins vont rester fermés.

Marion est épuisée par ces quelques heures d’activité. On retourne à l’hôtel et elle retourne au lit. Moi, je passe la journée à sillonner la ville dans l’espoir de trouver quelque part un accès internet ouvert… en vain. Ce n’est que très tard et un peu par hasard qu’on va en trouver un. Mais avant, Marion me coupe la tignasse, c’est la première fois qu’elle coupe des cheveux sans tondeuse et en plus elle le fait… avec les petits ciseaux de mon couteau suisse! Malgré mon scepticisme quant au résultat, je reste bien sage. Et au final, c’est plutôt réussi!

3 novembre 2001

Il fait beau, les pluies qui ont fait la une des journeaux sont terminées. Tant mieux mais nous on part à 13H25 pour Rio de Janeiro. On charge et on va à l’arrêt de bus. On en voit passer un en flèche sur la troisième voie. Une demi heure plus tard, on finit par comprendre que notre arrêt est 500 mètres plus loin, ce n’est pas celui-là! heureusement qu’on avait prévu large!

Escale à Brasilia, capitale faite de toutes pièces afin d’aider au développement de la région. En effet, toute l’activité économique et politique du Brésil était concentrée à Rio et sur le littoral atlantique. On dirait que la région, en plein centre du Brésil, n’est pas très attrayante puisque les gens (fonctionnaires et autres) se sont fait tirer l’oreille pour y venir, il aurait même fallu menacer certains pays pour faire déménager leur ambassade de Rio à Brasilia. Ah! Rio, ses plages et ses nénettes bronzées!!! Brasilia paraît bien austère à côté. Bref, on redécolle, ma voisine me broie la main une nouvelle fois, ressort son chapelet et dit la messe 20 fois de suite les yeux fermés, je suppose qu’elle est terrorisée. Chaque fois que l’avion fait un pet de travers, elle se retient tout juste de bondir sur mes genoux et se contente de m’écrabouiller les doigts! Quelques chapelets plus loin, on atteint Rio de Janeiro… sous la pluie. Bof, on verra demain, il est tard, au lit.

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