28 août 2001

Temps magnifique qui fait ressortir le bleu éclatant du lac de Puerto Natales et le blanc des montagnes derrière. A 15h00, on se traîne péniblement à l’arrêt de bus. Vive les courbatures et les ampoules à chaque doigt de pied. Heidi et Lionel, ces pieds tendres, sont les plus touchés, ils souffrent. Vamos a Punta Arenas, ville qui se dispute avec Ushuaïa le titre de ville la plus australe (ça veut dire: la plus au sud). Mais en fait, c’est Puerto Williams qui l’est, comme quoi c’est pas toujours celui qui le dit qui l’est. Reste que Punta Arenas est la ville la plus australe qui n’est pas sur une île (la terre de feu étant une île de la taille de l’Irlande).

On descend donc encore plus pour se rapprocher du bout du monde. On traverse des paysages fabuleux de steppe enneigée s’étendant à perte de vue, quelques forêts d’arbres penchés dans le sens du vent, des lacs, des troupeaux de vaches, moutons, chevaux, oies sauvages, des nandous, des guanacos, des flamands roses au loin (hé oui, sont pas si frileux), des cow-boys à cheval avec leurs chiens et des estancias en bois au milieu. On dirait qu’il n’y a plus de limites. Les prés ne sont plus des prés mais d’immenses étendues plates courant à perte de vue. Les couleurs du ciel sont splendides: bleu ciel pour… le ciel, vert-jaune pour les prairies recouvertes de bruyère et de moutons qui s’y confondent, blanc pour la neige (!), bleu roi pour les lacs et, le clou du spectacle le rose pétant des flamands sur l’eau. Et là haut, loin au-dessus de nos têtes, la lune surveille tout cela depuis midi.

Grosse ville sympa de 130000 habitants, Punta Arenas est plantée dans le détroit de magellen, on se demande bien ce que font tous ces gens au bout du monde. On va chez Nena, petite dame fort gentille qui tient une hospedaje.

29 août 2001

C’est en 1916 qu’a été ouvert le canal de Panama. La conséquence pour le florissant port de Punta Arenas a été terrible: baisse énorme de l’activité. Les suisses qui étaient venus pour faire du commerce essentiellement de laine, lait et fromages, repartent pour la plupart aux quatre coins du monde. Ceux qui sont restés poursuivent encore ces activités aujourd’hui.

Sur la route de Fuerto Bulnes, au sud de Punta Arenas, on longe le détroit de magellan en traversant des estancias. La route cède la place à une piste. Ici, pas d’eau courante, de gaz, d’électricité. On se chauffe au bois et on utilise l’eau de pluie. L’école étant obligatoire de 5 à 11 ans, les enfants doivent aller en pension. Un grand-père de 60 ans qui voulait garder son petit-fils près de lui, a fait tous les matins les 20 km aller-retour pour l’y emmener en bicyclette. Rebelote le soir pour le chercher. Et ça caille! Et il y a du vent! Puis on croise un paysan qui allé ramasser du bois avec son attelage de boeufs, Corazon (coeur!) et Serro, deux belles bêtes de 1000kg chacune. Et lui, il est tout petit!

Dauphins austraux, cormorans impériaux (noirs et blancs) et mouettes dominicaines nous accompagnent. Je ne sais pas si c’est la proximité de l’Antarctique et du pôle sud, mais la luminosité est magnifique. On est au bout du monde. En face de nous, la Tierra Del Fuego à deux ou trois heures de bateau, et l’île Dawson, là où Pinochet mettait tous les gens qu’il emprisonnait et qu’il a tués au bout du compte (ça étonne quelqu’un?). Nous allons au bout de la péninsule de Brunswick. Sur la route, on passe par… le centre géographique du Chili! Hé oui, si bas, mais c’est en comptant la partie antarctique. Là, on croise 2 cow-boys à cheval avec 7 ou 8 chiens, leurs “outils” de travail pour les troupeaux. Ils portent une peau de mouton avec la laine sur les jambes pour se protéger des griffes des buissons et du froid.

Puis nous arrivons à Puerto El Hambre, port famine, nommé ainsi suite aux événement de 1564. Les espagnols ont alors laissé là 300 personnes pendant qu’ils repartaient chercher de quoi construire une ville. Mais jamais ils n’ont pu rerentrer dans le golfe à cause du vent. Pendant 2 ans, les 300 sont restés et tous sont morts de faim (ou d’une balle dans la tête pour ceux qui ont craqué) sauf 2. Retrouvés en 1567, ils ont raconté les horreurs vécues. Les espagnols étaient venus là pour bloquer le passage aux anglais par le détroit de Magellan. Puis, se rendant compte qu’ils pouvaient passer par le Cap Horn, ils ont abandonné l’idée. Enfin, nous arrivons à Fort Bulnes, le fort le plus au sud du continent, proche du lieu ou a été érigé le premier village chilien en Patagonie en 1848, à 60 km plus au nord, Punta Arenas, 130000 habitants aujourd’hui!

L’océan Atlantique est à 6 degrés environ. Chaque année une quarantaine de marins tombent dedans et, choc thermique, meurent systématiquement. Ici poussent les arbres symboles du Chili, les araucanias aux feuilles très piquantes.

Ce soir, c’est la fête: pisco sour (2/3 pisco, 1/3 jus de citron, sucre glace, un blanc d’oeuf et shaker) et king crab, un énorme crabe rouge excellent.

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