30 août 2001

En Patagonie et en Terre de Feu, les premiers habitants, les natifs, étaient les Alakalufs, les Onas, les Yamanas et les Tehuelches du sud encore appelés géants de Patagonie en raison de leur grande taille. Les éleveurs étrangers sont arrivés, ont clôturé pour élever leurs troupeaux de moutons. Les tribus du coin, chasseurs, pêcheurs mais pas guerriers du tout, ont naturellement chassé les moutons avec leurs arcs et leurs flèches, pour eux la propriété était une notion inconnue. Cela a fâché les riches fermiers, anglais surtout. Ils ont alors offert des primes à qui ramènerait les oreilles et la tête de ces “sauvages” comme preuve de leur mort. Hommes, femmes, enfants y sont passés et ils ont été exterminés. Les quelques centaines de survivants ont été parqués sur l’île de Dawson par les missionnaires pour être “éduqués”, véritable prison où on les a obligés à se vêtir à l’européenne, à travailler et à se convertir au catholicisme. On a vu des photos de cette période au musée salésien de Punta Arenas, aucun doute possible, ils ont l’air tristes comme les pierres et “importés” dans un monde qui n’est pas le leur. Monde dans lequel ils ont en plus été agressés par les maladies amenées par les colons. Aujourd’hui, il n’en reste plus.

Un Français, capitaine de baleinier avait capturé 11 Indiens et les avait ramenés en France pour les exposer dans une cage comme anthropophages à l’Exposition Universelle de Paris, avant qu’un missionnaire se demande pourquoi on enfernait sans raison des hommes innocents et les libère. Un seul s’est posé la question! C’était en 1889…

Ca tangue. C’est normal, on est sur le bateau qui va à Porvenir en Terre de Feu. Le bout du monde encore une fois. La Tierra Del Fuego est l’île la plus grande d’Amérique, tellement vaste qu’autrefois on la prenait pour un continent: la Terra Australis Incognita. Deux nations se partagent le territoire fuégion: le Chili et l’Argentine. Nombre de ses habitants sont les descendants d’européens du centre venus à l’époque de la ruée vers l’or.

Il y a un grand oiseau noir qui suit le bateau. Il se croit à la fête foraine, il n’arrête pas de faire le grand huit, et sans effort, porté par le vent. Hop, vers le haut, demi-tour sur l’aile (hi! hi! hi!), plongeon, rase-vagues en suivant les creux, remontée porté par le vent, planer et ça repart pour un tour. C’est sympa de nous accompagner pendant la traversée du détroit de Magellan. Nous avons 19 milles marins (34 km), avançons à 15 km/h, sur un océan profond de 190 mètres. Souvent, les vents sont de 50 à 180 km/h ici.Nous croisons un marin qui, il y a 5 ans, a fait cette traversée en bateau de papier! Plein de couches de goudron sur le papier, un mini moteur, une combinaison sèche et, 6h30 plus tard, il avait traversé! retour impossible, le papier a lâché.

Ici, on a l’impression que le ciel est plus grand que partout ailleurs, il prend toute la place. En plus, els nuages sont magnifiques, de toutes les formes à la fois, souvent très étirés. On ne pourrait probablement pas prévoir la météo avec, dixit le marin Ludo, c’est trop varié.

On a marché sur la Terre de Feu! Et même que pour marquer le coup, j’ai fait une pirouette dessus et aussi la roue! C’est génial de se dire qu’on marche au bout du monde (même quand on est en train de tourner autour). On reviendra plus tard, quand on sera riches et on ira en Antarctique voir les manchots royaux.

La Terre de Feu, c’est super surtout parce que ça m’a permi de voir un sourire sur le visage de Marion qui lui remontait jusqu’aux oreilles et même plus haut encore… Elle n’aurait pas été plus heureuse petite en voyant le père Noël. Et ça, c’est chouette… On a fait une demi pellicule de photos pour immortaliser l’instant, debout, assis, couchés…

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